Séminaire organisé par Joëlle Le Marec, Yves Jeanneret et Baudouin Jurdant
Toutes les séances (sauf celle du 26 mars —qui aura lieu dans l’amphi 9C de la Halle aux Farines—) auront lieu à l’Université Paris Diderot, Aile C du Bâtiment des Grands Moulins, 16 rue Marguerite Duras, 75013 – Paris (Salle 791C).
Le monde contemporain est traversé dans tous les sens par une grande diversité d’écritures différentes : mathématiques, scientifiques, littéraires, philosophiques, historiques, critiques, autobiographiques, juridiques, administratives, médiatiques… Ces écritures mettent en œuvre des dynamiques variées. Elles induisent des relations particulières entre énonciateurs et destinataires. Elles établissent des complicités ou des connivences singulières. Elles peuvent se laisser déterminer par des contenus ou des relations. Elles peuvent être publiques ou privées, collectives ou individuelles. Elles peuvent privilégier un adressage vertical ou horizontal, prescrire ou transcrire. Elles peuvent plus ou moins bien se traduire en paroles, en images, se prolonger en règles et lois, en techniques, ou se faire relayer par d’autres écritures vers d’autres destinataires. Elles gèrent différemment les rapports entre l’explicite et l’implicite. Elles se ferment sur des savoirs ou s’ouvrent sur de nouveaux questionnements. Elles fixent les représentations du monde qu’elles induisent. Chacune de ces écritures se définit également par des rapports particuliers avec la dimension orale de la langue, avec la parole. En principe, ce qui s’écrit peut se dire oralement. Mais souvent, la liberté de l’écrit réussit à signifier l’impossible à dire. A tel point que l’on peut se demander si ce foisonnement contemporain d’écritures n’est pas en train de rendre la parole de plus en plus inutile, de moins en moins pertinente dans sa fonction de porteuse d’un lien social à situer dans le présent. La parole a-t-elle encore un rôle à jouer dans un monde dont les structures, l’organisation et le fonctionnement sont de plus en plus dépendants de la circulation d’écrits ? Certes, les écritures nous libèrent des contraintes associées à la parole vive et à la présence effective de l’autre. Elles nous libèrent du présent. Elles autonomisent notre réflexion. Mais, en même temps, ne font-elles pas obstacle à cette réflexivité sans laquelle aucune conscience ne peut émerger ?
Calendrier des séances (certains intervenants sont à confirmer, ainsi que certains titres d’intervention)
Vendredi 22 janvier 2010
Baudouin Jurdant : Ecriture scientifique et écriture littéraire : tensions, négociations, entremêlements
Yves Jeanneret : Pouvoir ou ne pas pouvoir : les écritures « devant », « derrière » ou « à côté » de la parole (Titre à redéfinir)
Vendredi 12 février 2010
Joëlle Le Marec et Philippe Hert : Ecrire et/ou dire le « terrain »
Jeannot Medinger : Ecrire et/ou parler à l’école
Vendredi 5 mars 2010
Angelica Rigaudière : La voix et la plume : deux instruments du cours d’histoire de la musique
Anne Piponnier : Ecrire le projet : donner sa parole, quelle parole ?
Vendredi 26 mars 2010
Jean-Max Noyer : Hétérogénité des écritures et morphogenèse du sens
Mathieu Quet : La polyphonie « écrite » des sciences sociales et humaines
Jean-Marie Privat : Les écritures de l’anthropologie face à l’oralité (titre à redéfinir)
Vendredi 16 avril 2010
Igor Babou : "L’écriture de la nature : territoire, patrimonialisation et débat public"
Daniel Schmitt : Des objets culturels à leur saisie politico-administrative : les ambiguïtés de la transcription
Jacqueline Chervin : La parole filmée
Vendredi 7 mai 2010
Jean-Marc Lévy-Leblond : Poète physicien ou physicien poète ? En lisant Lucrèce…
Jean-Patrick Connerade (titre à définir)
Guy Chouraqui : Ce qui parle dans l’écriture de Paul Celan
Vendredi 28 mai 2010
Eric Heilmann : L’écriture et le droit
Sylvie Catellin : De la transmission ancestrale du conte de Sérendip à la controverse en ligne sur le sens du mot "sérendipité"
Laurent Loty : L’invention du conscient et l’abandon de la transmission orale, un cas d’histoire des sciences-fiction : retour sur une expérience d’écriture
Vendredi 18 juin 2010
Bernard Ancori : Ecriture et monnaie en Grèce ancienne et dans l’Occident féodal
Jean Delabroy : Ecrire pour le théâtre ? (titre à redéfinir)
Brigitte Juanals : Quand l’écriture organise et prescrit : la langue des normes industrielles
Participation
Le séminaire réunira des personnes (collègues, doctorants, voire étudiants de Master) qui auront à cœur d’explorer collectivement les enjeux mobilisés par ce foisonnement d’écritures variées en essayant de mieux comprendre ce qui les distingue les unes des autres : les temps qu’elles privilégient, les réseaux qu’elles font exister, les frontières qu’elles tracent, les savoirs qu’elles stabilisent ou qu’elles subvertissent, les créativités qu’elles rendent possibles, les paroles qu’elles traduisent ou qu’elles taisent. Chaque séance fait intervenir deux ou trois personnes sur des thèmes particuliers. Ces personnes pourront être extérieures au séminaire lui-même mais il est souhaitable que les participants réguliers puissent prendre eux aussi la parole de façon plus formelle si elles le désirent à partir d’une volonté d’approfondissement de tel ou tel point. Un tel séminaire exige en tout cas de la part de tous les participants un engagement le plus ferme possible quant à l’assistance à un maximume de séances. Ceci est important pour que l’on puisse espérer progresser dans la discussion des différents points abordés et pour assurer à la publication qui s’ensuivra un minimum de cohérence.
Organisation des séances
Nous proposons que chaque séance commence vers 10h00 du matin par deux ou trois interventions relativement brèves. Vers 12h30, tous les participants vont déjeuner ensemble, pour un moment de convivialité propre à déclencher des réactions critiques et des commentaires spontanés. On se retrouverait ensuite vers 14h pour discuter ensemble des problèmes soulevés au cours de la matinée. Chaque intervention pourra alors trouver son chemin vers l’écriture en tenant compte des commentaires et des objections formulées au cours de la discussion en vue d’une publication collective à la fin du séminaire. Mais une telle organisation restera très souple pour que chacun puisse y trouver son compte.